Bismillah-ir-Rhaman-ir-Rahim
(Au Nom d’Allah le Gracieux et le Miséricordieux)

LA LUMIERE DE LA REVELATION

Pourquoi a-t-on besoin d’une Révélation divine ?


I. LE VERSET DE LA LUMIERE

Il est dans le Coran un verset que nous musulmans aimons à réciter, à psalmodier et à écouter. Il parle de lumière et se lit comme suit :

‘‘Dieu est la Lumière des cieux et de la Terre. La parabole de Sa lumière est (celle-ci) : une niche dans laquelle se trouve une lampe ; la lampe se trouve a l’intérieur d’un (récipient de) cristal ; celui-ci ressemble à un astre éclatant ; (son combustible) vient d’un arbre béni, un olivier, qui n’a été oriente ni vers l’est ni vers l’ouest ; l’huile de cet olivier semble éclairer sans même que le feu la touche.
Lumière sur lumière.
Dieu guide qui il veut vers Sa lumière.
Et Dieu cite (de la sorte) des paraboles aux hommes. Et Dieu est Omniscient.’’
(Le Saint Coran, Chapitre 24 - Verset 35).

Au-delà de la seule psalmodie et de la beauté de ses mots, ce verset contient, comme Dieu l’a dit Lui-même, une parabole (une image) : celle de la lumière de la révélation qui vient se superposer à la lumière du coeur de l’homme.

Le verset cite l’exemple de la lampe, ou l’on voit que la lumière fournie par l’huile d’olive s’ajoute aux capacité d’éclairage de la lampe, conçue même pour être source de lumière ; ‘‘lumière sur lumière’’ : la lumière de l’huile s’ajoute a celle de la lampe. Le verset part de cette image extraite de la vie quotidienne et vient nous rappeler qu’à l’instar de la lampe conçue par l’homme pour éclairer, le coeur humain a été conçu par Dieu de façon a être une lumière et une guidée pour l’homme ; et que, de la même façon qu’aux capacités originelles de lampe vient s’ajouter la lumière fournie par l’huile, a la lumière du coeur vient s’ajouter pour la confirmer, la préserver et l’orienter une autre lumière : la révélation divine. ‘‘Lumière sur lumière’’ : la lumière de la révélation préserve et oriente celle du coeur.

Le besoin d’une autre lumière

Pour l’Islam, l’homme n’est ni incapable et ignorant, ni pécheur de naissance. Au contraire, l’homme naît innocent ; il est de plus pourvu par Dieu d’une raison qui lui permet d’apprendre, de connaître, de réfléchir et de comprendre ; il possède enfin un coeur naturellement bon, siège des sentiments de la spiritualité, qui le pousse naturellement a se tourner vers le sacré et à faire le bien.
L’homme peut-il cependant se suffire de sa raison et de son coeur pour s’orienter dans sa vie ? C’est justement une réponse à cette question que le verset suscite désire apporter aux hommes.

En fait, la raison et la connaissance humaines ne sont pas infinies. Au contraire, le savoir de l’homme se trouve entourer de tous cotés par des murs d’ignorance et d’incompréhension : à coté de ce que l’homme sait se trouve dans l’Univers une quantité de choses qu’il ne sait pas : il y a ce dont il sait il ne peut pas savoir, ce dont il sait il ne saura jamais rien. Et plus l’homme apprend des choses, plus il se rend compte de l’étendue de son ignorance. Plus les scientifiques de notre époque explorent et découvrent l’Univers, plus il se trouvent en face d’énigmes concernant la vie et son origine, qu’ils n’ont jusqu’à aujourd’hui pas réussi à résoudre. De plus, le seul savoir scientifique est, par définition, incapable de fournir à l’homme une éthique, une ‘‘guidée’’.

Le coeur et les nobles sentiments humains – en un mot : la conscience humaine – exercent pour leur part une influence positive sur la conduite de l’homme ; mais cette influence est concurrence par celle des instincts, des désirs et des pulsions naturellement présents chez l’homme. Et qui serait capable de distinguer réellement la voix de son coeur au milieu de toutes les incitations intérieures qu’il ‘‘ressent’’ ? La psychanalyse l’a bien montré : ce dont on pourrait penser que c’est la voix de son coeur n’est parfois rien d’autre que les désirs enfouis dans les replis de son âme, resurgissant déguises sous une autre forme….

L ‘homme possède certes une nature d’essence bonne ; mais il est également sujet a des désirs personnels. Son savoir est certes impressionnant ; mais il est limité. Et ce que la Révélation lui propose, c’est justement une base à partir de laquelle il puisse orienter sa vie, ses pensées, ses actes. Une lumière désire non pas détruire ni même contredire ce qu’il possède de bien, mais venant au contraire approuver et préserver la lumière originelle de son coeur. Une lumière qui – a l’instar de la lumière de l’huile d’olive venant se superposer à la lumière naturelle de la lampe – vienne approuver, orienter et préserver la lumière innée de son coeur. ‘‘Lumière sur lumière’’.

La Révélation, en Islam, ne s’adresse à l’homme ni parce qu’il serait coupable de naissance, ni pour l’empêcher de tirer parti de sa raison, ni encore pour lui interdire de tirer profit des ressources terrestres. La Révélation se veut au contraire une confirmation et un approfondissement de ce que son coeur contient de lumière ; une ‘‘guidée’’, une orientation pour sa vie sur Terre.

Sans cette lumière de la Révélation, l’homme perd l’orientation de la lumière de son coeur, et alors se perd lui même et erre. Sans elle, il se met à imaginer, à croire à des superstitions et à des mythes – des produits de son imagination -, et à prendre ses désirs pour des réalités…. ‘‘Ils ne font que suivre leur imagination et ce que leur âme désire.’’(Le Saint Coran, Chapitre53 – Verset 23). Sans cette lumière, l’homme certes réfléchit et analyse; il trouve certaines réponses, mais d’autre fois il s’égare. Ici il parvient à découvrir, là il se trompe…. Et dans le passage ou figure ‘‘le verset de la lumière’’, Dieu parle aussi, justement, de l’homme lorsque celui-ci voudrait se suffire de la lumière de son coeur ou de sa raison et se passer de Dieu et de Sa lumière. Il dit :

‘‘Comme des obscurités existant dans une mer profonde, que couvre une vague, sur laquelle il y a une autre vague, au-dessus de laquelle il y a des nuages.
Obscurité les unes au-dessus des autres. Quand il étend sa main, il ne la voit presque pas.
Et celui pour qui Dieu n’a pas mis de lumière, il n’y a pour lui aucune lumière.’’
(Le Saint Coran, Chapitre 24 – Verset 40)

II. LES PROPHETES

Cette lumière de la révélation, Dieu ne l’a pas donnée à chaque être humain individuellement; Il a choisi de nommer certains hommes pour être Ses messagers, et c’est par leur intermédiaire qu’Il a fait parvenir aux hommes Sa lumière. Abraham, Moise, Jésus, et Muhammad  (s.a.w)* furent quatre de ces grands messagers de Dieu. Et non seulement ils transmirent aux hommes Son message, mais ils le leur enseignèrent également de façon pratique et concrète.
En ce qui concerne les homme en cette fin de XX ème siècle et début du XXI ème siècle. Comme nous, Dieu a envoie Sa lumière par son ultime messager, Muhammad  (s.a.w), qui a vécu au VI ème siècle ; et cette lumière se compose d’une part du Saint Coran, Parole de Dieu, et d’autre part des hadiths, qui constituent l’exemple humain du Prophète, et sa façon pratique de vivre les enseignements coraniques.

Le Prophète Muhammad  (s.a.w) a en premier lieu enseigne aux hommes l’existence et l’unicité de Dieu, l’existence d’une vie après la mort, le sens de la vie sur Terre. Et il a appelé la somme de ces éléments ‘‘foi’’ (imaan), des quelle dépasse le simple fait de connaître et qu’elle devient reconnaître et croire.

‘‘La foi, a dit le Prophète, c’est que tu croies en Dieu, en ses anges, en ses livres, en ses messagers, au jour dernier, et au destin – que le bien et le mal ont été prédestinés par Dieu.’’

‘‘Le droit de Dieu sur les hommes,’’ a-t-il dit aussi, ‘‘c’est qu’ils L’adorent et ne lui associent rien.’’ ‘‘La foi, ’’ a-t-il explique, ‘‘possède plus de 70 branches. La plus haute de ces branches est de dire ‘‘Il n’y a de divinité que Dieu’’ ; la plus basse, d’enlever du chemin ce qui genet le passage ; et la pudeur est une branche de la foi.’’ ‘‘Goutte à la douceur de la foi celui qui possède ces trois qualités : aimer Dieu et Son Messager plus que tout autre, n’aimer quelqu’un que pour Dieu, redoute de retourner vers l’incroyance après en être sorti comme on redoute d’être jeté dans un feu.’’

Le Prophète  (s.a.w) à bien sûr enseigner également aux hommes comment adorer Dieu. Il leur à montre les paroles et les gestes de la prière, du pèlerinage, du jeune et de l’aumône ; tout ceci constituant les piliers (arkane) d’une pratique religieuse digne de ce nom. Mais au-delà d’un aspect seulement juridique, il leur a enseigné aussi et surtout comment accomplir ces rites de façon à se purifier le coeur (tazkiyah) ; et comment remplir celui-ci de sincérité, d’amour et de crainte pour Dieu, d’amour de bonté et de justice envers les hommes.
C’est ainsi que d’une part le Prophète  (s.a.w) avait dit à un homme qui n’accomplissait pas correctement les postures de la prière (salaat) : ‘‘Retourne et accomplis de nouveau la salaat ; car tu n’as pas accompli la salaat.’’ Et que d’autre part il avait dit un jour : ‘‘Celui que sa salat n’empêche pas de commettre les turpitudes et les actions mauvaises, n’a pas fait une vraie salaat.’’ C’est encore pourquoi il enseignait à ses Compagnons les règlements du jeune et leur indiquait tout ce qui annule juridiquement celui-ci, mais qu’il leur rappelait aussi : ‘‘Celui qui ne délaisse pas les paroles du mal et les actions du mal, Dieu n’a pas besoin qu’il délaisse nourriture et boisson.’’

En plus de ces règles de l’adoration de Dieu, le Prophète  (s.a.w) a aussi enseigné aux hommes des principes pour leur conduite entre eux, pour les règles sociales (mu’amalate) qu’ils doivent observer dans leur comportement les uns vis-à-vis des autres: lors des ventes et des achats, des locations et des dons, etc.

Et avec ces règles spirituelles et sociales, il leur a montre également les règles du savoir-vivre (adab) sur Terre : les principes du comment manger et du comment boire, du comment s’asseoir ensemble et du comment se parler…. Ceci afin que les hommes apprennent non seulement à connaître et à adorer Dieu, mais aussi vivre une vraie vie de société et de civilité.
Le Prophète défendait par exemple de boire directement de l’outre, ou encore de respirer a l’intérieur du récipient duquel on boit ; il disait également : ‘‘Ne buvez pas d’un trait comme le ferait un chameau…’’ Le Prophète  (s.a.w) recommandait la simplicité dans le mode de vie, mais il blâmait le fait de se négliger totalement : ayant un jour vu un homme dont les cheveux étaient tout ébouriffés, il fit : ‘‘Celui ne trouve-t-il donc pas de quoi arranger ses cheveux ?’’ ; ayant vu un homme aux vêtements sales, il dit : ‘‘Celui la ne trouve-t-il pas de quoi laver ses vêtements ?’’ Le Prophète a laissé encore ces principes de relations humaines : ‘‘Lorsque vous étés trois, que deux d’entre vous ne s’entretiennent pas en laissant l’autre seul…’’ ‘‘Qu’une personne ne fasse pas se lever une autre personne de la place qu’elle a occupée pour s’y asseoir’’ ‘‘Cela fait partie de mon enseignement (sunnah) que l’on raccompagne son visiteur jusqu’à la porte.’’ Le Prophète a enseigné aux hommes ces règles de politesse, de civilité et de savoir-vivre comme un père éduque ses enfants. Et, à dire vrai, les hommes ont, à l’age adulte, autant besoin de cette éducation prophétique qu’il ont eu besoin, dans leur enfance, de l’éducation parentale.

Ce sont ces cinq thèmes – foi, piliers de l’adoration de Dieu, purification du coeur, principes de règles sociales et de vie sur Terre – qui, en fait, constituent l’essence du message des prophètes en général et du Prophète Muhammad  (s.a.w) en particulier. Ce sont ces thèmes que le Prophète nous a communiqués afin que nous puissions profiter de la Lumière de la Révélation. Afin que nous puissions illuminer la lumière de notre coeur par la lumière de la Révélation.

‘‘Lumière sur lumière.’’

III. LES TEXTES ET LE CONTEXTE

C’est dans le Coran et les Hadiths que se trouvent les enseignements que nous avons classés ci-dessus en cinq grands thèmes (foi, piliers de l’adoration de Dieu, purification du coeur, principes de règles sociales et de vie sur Terre). Le Prophète  (s.a.w) avait donc enseigne tout cela à ses compagnons.

Apparition de problèmes nouveaux

Le Prophète  (s.a.w) avait prévu qu’au cours des siècles, se poseraient à ses disciples des problèmes nouveaux qui ne sont pas explicitement mentionnés dans ces deux sources. Aussi avait-il enseigné que dans un tel cas il faudrait faire un effort rationnel pour élaborer une réponse qui serait basée sur les enseignements de la Révélation. Et il avait ainsi questionne Mu’adh ibn Jabal avant de l’envoyer au Yémen :
‘‘Selon quoi jugeras-tu, lorsque le besoin se présentera ?
-Je jugerai selon le Livre de Dieu, avait répondu Mu’adh.
-Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans le Livre de Dieu ?
-(Je jugerai alors) selon la Sunnah du Messager de Dieu.
-Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans la Sunna du Messager de Dieu ? Avait reprit le Prophète.
-Je ne manquerai pas à faire un effort de réflexion (à partir de ces deux sources) pour formuler mon jugement, avait répondu Mu’adh.
-Louange a Dieu, qui a guidé le messager du Messager de Dieu vers ce qu’agrée le Messager de Dieu, conclut le Prophète  (s.a.w).’’

Cet effort de réflexion, rationnel (donc tirant profit de la raison) mais même sur la base des données des deux sources du Coran et de la Sunnah (et donc se nourrissant de la lumière de la Révélation) est connu aujourd’hui encore sous le nom qu’avait employé Mu’adh : l’ijtihad. Il est faut de dire que la porte de l’ijtihad est fermée. C’est une porte que le Prophète a ouverte et qui restera donc ouverte jusqu’à la fin du Monde. Et tant que l’ijtihad restera entre les mains de ceux qui sont aptes à le pratiquer, personne ne peut en fermer la porte. En fait, l’ijtihad est un outil qui peut être utilise d’une bonne ou d’une mauvaise façon. Lorsque ce sont des hommes doués des compétences voulues qui l’utilisent selon les règles voulues, cela s’apparente à une bonne utilisation. Si par contre n’importe qui l’utilise n’importe comment, cela s’apparente davantage à une falsification.
Car il est clair qu’il n’existe pas en Islam de clergé, l’interprétation des sources du Saint Coran et de la Sunnah demande évidemment un savoir et des compétences. N’est pas mujtahid qui veut ; et il ne saurait s’agir, au nom de l’ijtihad, de dénaturer ou de falsifier l’Islam.
Ainsi, le Musulman d’aujourd’hui rappelle-t-il qu’il ne peut y a avoir d’ijtihad [au sens d’élaboration d’un autre règlement,] pour un point à propos duquel le Saint Coran et les Hadiths ont promulgué un règlement clair; élaborer, alors, un autre règlement sur la base de la seul raison n’est pas un ijtihad mais une falsification.’’
Le musulman souligne également qu’il ne peut y avoir d’ijtihad [toujours au sens d’élaboration d’un autre règlement] à propos des règlements sur lesquels le consensus est établi depuis 14 siècles.’’
Enfin, le musulman insiste sur un troisième point : ‘‘Si quelqu’un conçoit l’ijtihad comme étant le fait de se passer de la somme de jurisprudence produite jusqu’aujourd’hui et de se remettre à repratiquer l’ijtihad depuis la base, alors, je ne peux approuver une telle démarche.’’ ‘‘Certes, certains éléments de la jurisprudence peuvent être changé en fonction des changements des sociétés. Mais pareils changements ne peuvent être effectués que dans un cadre de principes bien définis.’’ Le musulman veut faire valoir qu’il est inutile, aujourd’hui, de remettre en cause ou de critiquer la jurisprudence de celui de ces mujtahids mutlaqs que les communautés de musulmans des diverses région du Monde suivent traditionnellement, une telle entreprise ne pouvant manquer de créer des troubles (fitnahs) auxquels l’Ummah n’est pas préparé.

Le concept correct de l’ijtihad est le suivant : il s’agit de rechercher des solutions aux nouveaux problèmes à la lumière des principes extraits du Saint Coran et des Hadiths. Tout ceci pour trouver, à partir des principes de ‘‘guidée’’ présents dans la lumière de la Révélation, une source d’orientation pour nous aujourd’hui. Afin de profiter de la lumière de la Révélation… afin qu’il y ait ‘‘lumière sur lumière’’.


Application des règlements en tenant compte de l’état des lieux.

Si, comme nous venons de le voir, un règlement qui a été clairement énonce par le Saint Coran ou la Sunnah, ou qui a été adopté depuis des siècles par un consensus de l’ummah ne peut et ne doit pas être changé, en revanche son application doit être effectuée avec pragmatisme: il s’agit de prendre en compte le contexte, et il s’agit aussi de suivre une patiente progression.

Car l’Islam n’est pas une application superficielle et contraignante de règlements, sans profondeur et sans spiritualité. Un travail sur soi, sur sa famille ou sur ses frères et soeurs musulmans ne peut commencer par l’édiction des obligations et interdits. La lumière de la Révélation a justement choisi la voie du pragmatisme et de la patience, et c’est cette voie qu’il nous faut suivre, aujourd’hui encore, pour vivre et transmettre cette lumière…. Aicha raconta ainsi : ‘‘Parmi les premiers passages a être révèles se trouve une sourate parmi les sourates moufassal, dans laquelle il est question du paradis et de l’enfer ; et c’est lorsque les gens entrèrent dans l’Islam que furent révèles le licite et l’illicite. Si au début Dieu avait révélé ‘‘Ne buvez plus d’alcool’’, les hommes auraient dit ‘‘Nous ne le délaisserons jamais !’’ ; si dés le début Dieu avait révélé ‘‘Ne commettez plus l’adultère !’’, les hommes auraient dit ‘‘Nous ne la délaisserons jamais !’’…. Jundud ibn Abdullah raconte lui aussi la même expérience, vécue en la compagnie du Prophète  (s.a.w) : ‘‘Nous étions, jeunes hommes, auprès du Prophète. Nous apprîmes la foi avant d’apprendre le Saint Coran. Puis nous apprîmes le Saint Coran, ce qui ne fit qu’augmenter notre foi.’’

Les éléments de la foi ne changent certes pas ; mais l’intensité de cette foi, elle augmente et diminue. Et c’est donc la, par le travaille sur l’intensité de la foi, qu’il faut commencer : renforcer son lien avec Dieu, intensifier pour Lui l’amour et la crainte révérenciel dont tout croyant porte une parcelle dans les profondeurs de son coeur. Il faut commencer par le commencement, par là ou à commencer le Saint Coran, et ne pas négliger de parler du Paradis et de l’Enfer, des délices et des horreurs que Dieu a préparé pour rétribuer les hommes…

Ce n’est qu’après un long et profond travail sur les coeur que la Révélation s’est mise a édicté obligations et interdits. Encore qu’ici aussi, la voie du pragmatisme a été de mise; en effet, le texte coranique, aujourd’hui encore, témoigne de la patiente progressivité de la pédagogie qui furent les siennes dans la mise en place de l’interdiction : l’exemple bien connu de l’interdiction de l’alcool l’illustre parfaitement, puisqu’il montre une progression s’étendant sur une période de 9 années avant l’interdiction complète et absolue.

Certes, nul ne peut aujourd’hui déclarer permis ce que Dieu a déjà interdit ; cependant, aujourd’hui encore il faut, pour rappeler obligations et interdits, respecter la voie de la progression choisie par la Révélation.

‘‘L’idéal (wajib) est une chose, et le réel (waqi’) est une chose. Le juriste est celui qui fait le lien (yutbiqu) entre l’idéal et le réel et applique l’idéal selon les possibilités ; ce n’est pas celui qui l’inimitié entre l’idéal et le réel.’’ Il ne s’agit pas, au nom du contexte, de dénaturer l’Islam ou de déclarer arbitrairement certains de ses enseignements comme étant ‘‘des détails’’ ; il s’agit de ne pas en faire une application superficielle et littéraliste, mais de tenir compte de l’esprit (illah) de ses règlements, comme le faisaient entre autres Umar, Ibn Abbas, Aicha, et après eux Abou Hanifa.

CONCLUSION

Trop souvent aujourd’hui, certains musulmans réduisent l’Islam a sa dimension de règlements (mas’lahs) traitant de ce qui est obligatoire, permis ou interdit en matière de rites d’adoration et d’alimentation. C’est oublier la parabole du Saint Coran expliquant, par l’image de la lampe alimentée par l’huile d’olive, que la lumière de la Révélation est bien plus que cela : elle vient de la part de Dieu confirmer la lumière naturelle du coeur de l’homme, afin de guider celui-ci dans sa vie sur Terre. C’est oublier que cette lumière nous a donné ce que, ici, nous avons brièvement abordé en les classant en 5 thèmes : les éléments de la foi, les règlements des rites d’adoration de Dieu, les éléments de la purification du coeur, les principes de nos relations sociales, et les règles de civilité pour notre vie sur Terre parmi les hommes.
Réduire sa compréhension de l’Islam au fait juridique (mas’lahs), c’est donc oublier que l’Islam c’est aussi une foi, c’est également une spiritualité, c’est encore un ensemble de principes pour nos rapports sociaux, c’est pareillement des principes de civilité pour la vie sur Terre.

Vivre l’Islam ne peut être chercher à réduire ses enseignements à des seuls règlements juridiques (mas’lahs) et à les appliquer de façon superficielle et sans spiritualité. Vivre l’Islam c’est à la fois donner vie à son coeur, à sa foi, et à la fois respecter les limites (houdoud-ullah) fixées par Dieu pour les hommes.

Agir pour que les musulmans soient plus proches de l’Islam c’est, aujourd’hui comme hier, commencer par là ou Dieu a commencé – par le travail sur la foi et la spiritualité – pour ensuite progresser pas à pas avec constance, patience et clairvoyance. C’est en procédant de la sorte et seulement de la sorte que nous, musulmans, pourrons révéler les défis qui sont aujourd’hui les nôtres. Et c’est alors que nous pourrons intensifier la parcelle de lumière qui brille toujours quelque part dans notre coeur, en l’alimentant au flambeau de la lumière de la Révélation, cette lumière issue du Saint Coran et des Hadiths : ‘‘Lumière sur lumière.’’